Artiste complet, notamment designer et sculpteur, Noguchi est une icône de l’art japonais du XXè S.
Biographie
Isamu Noguchi, né en 1904 à Los Angeles, fils du poète japonais Yone Noguchi et de l’écrivaine américaine Leonie Gilmour, étudie à l’Université de Colombia et à la Leonardo da Vinci Art School, à Florence en Italie. Il fonde ensuite son premier atelier et obtient en 1927 une bourse de la fondation Guggenheim. Isamu Noguchi devient l’assistant de Constantin Brancusi à Paris et présente sa première exposition personnelle à New York. Après avoir étudié l’art du pinceau en Chine, il se rend au Japon et travaille l’argile chez le maître potier Jinmatsu Uno.
L’œuvre artistique d’Isamu Noguchi reflète sa vie et son travail dans différents milieux culturels. Il est considéré comme un talent universel dont l’œuvre créative ne se restreint pas à la sculpture, englobant la création de décors de théâtre, de meubles, de luminaires, la conception d’intérieurs et l’aménagement d’espaces et de jardins publics. Son style sculptural est voué à un langage formel organique qui influença durablement le design des années 1950. Il décède en 1988 à New York.
Measured time , 1926

Noguchi, measured time clock and kitchen timer
Fabriquée par Stevenson Manufacturing Company ( La Porte, Indiana), l’horloge “Measured Time” était apparue sur le marché sans attribution, identifiée seulement par le label “Hawkeye” ou le nom de la fabrique “Stevenson” au dos. Or Noguchi, dans son autobiographie, mentionne comme son premier design industriel des moules à gâteaux (dont on pense qu’ils n’ont jamais été manufacturés), ainsi qu’une coque d’horloge/minuterie de cuisine appelée “Measured time” et un moniteur de bébé appelé “Radio nurse”. Comme l’image de la “measured time” n’a jamais été publiée, “Radio nurse” est notée comme son premier objet de désign de masse. Mais les similarités de formes entre “Radio nurse”et “Measured timed”, font que la fondation Noguchi en a confirmé récemment l’attribution à Noguchi. En bakelite, métal, métal émaillé et papier imprimé (15.6 x 13.3 x 8.9 cm).
Lunar
Dans les années 40, Noguchi créa les lampes “Lunar”, en bois et magnésite, issues des “Musical Weatherwane” créées en 1933.
Three-leged Cylinder lamp (1944)
Fabriquée par Knoll International à New York en 1944, la Three-legged Cylinder lamp est constitué de papier washi formant un cylindre qui entoure trois baguettes de bambou dépassant en haut et en bas et qui forment le pied de la lampe de table. Elle allie légèreté et pureté de formes.

Noguchi-three-legged cylindar lmp, 1944, ©knoll international
La “Coffee table” (1944)
Meuble emblématique du design moderne, distribuée actuellement par le fabricant suisse Vitra, la “coffee table” a été conçue en 1944 aux Etats-Unis, et a été manufacturée et commercialisée durant les années 50 par la société Hermann Miller. Elle est aujourd’hui un symbole du style de décoration de cette période, appelée en anglais « mid-century », c’est-à-dire datant du milieu du 20e siècle. À travers la Coffee Table, Isamu Noguchi a transposé l’esthétique biomorphique de ses œuvres sculpturales dans un meuble aux lignes organiques caractéristiques. C’est vraisemblablement la raison pour laquelle Isamu Noguchi considérait la table comme sa création de mobilier la plus réussie. L’idée lui en vint après que Georges Nelson (désigner) lui eut demandé de faire quelque chose qui pût illustrer un article intitulé : Comment faire une table ? Isamu Noguchi reprit une idée sur laquelle il avait travaillé auparavant : un continuum de bois, qu’il coupa en deux en son milieu afin qu’il puisse servir de pied à un plateau de verre pour créer une table. Deux pieds en bois, disponibles en frêne noir, en érable ou en noyer, sont disposés à angle droit afin de former un support stable pour le lourd plateau de verre épais.

Isamu Noguchi, Coffee table
Chess Table et pièces de jeu (1944)

Isamu Noguchi, Chess table, 1944
La Chess table est en bouleau ébène et pieds en contreplaqué. Les pièces rouges et vertes sont en plexiglas translucide.
La complexité du pied fit que cette table ne fut fabriquée qu’à douze exemplaire.
Freeform Sofa et Ottoman (1946)

Isamu Noguchi, Freeform Ottoman
Les formes élancées organiques du Freeform Sofa, évoquant d’immenses galets, sont fluides et gracieuses. Cela est accentué par la palette de coloris naturels des tissus de revêtement. Le Freeform Ottoman est le complément idéal du sofa, pouvant être placé librement et permettant de profiter de tout le confort de ce dernier.

Isamu Noguchi, Freeform Sofa
Rudder Table , modèle IN20,vers 1949
En bouleau laqué et acier, la rudder table présente une forme organique et une asymétrie intéressante. Son pied en bois évoque, comme son nom l’indique, un gouvernail. Editée par Herman Miller.
Bambou Basket chair (1950)
En collaboration avec son fils, Isamu Noguchi créa la basket la Bambou Basket chair en 1950. Devenue icônique, cette chaise est en bois de Shioju, bambou et acier. Elle évoque les paniers en bambou, art traditionnel du japon.
Luminaires Akari, (1951)
Un jour, en 1951, alors qu’il se rendait à Hiroshima, pour la conception de deux ponts pour le parc de la Paix, il s’arrêta à la ville de Gifu afin de regarder des cormorans pêcher. Le capitaine lui demanda alors de l’aider à rénover leurs ” chochin“, traditionnelles lanternes en papier, qui avaient été réduites à des décorations de fêtes sans valeur. C’est à cette occasion qu’est née “Akari“, mot japonais qui signifie lumière. Cela représenta pour Isamu Noguchi une manière d’approfondir le concept de sculpture dans des lampes qui, au lieu de réfléchir la lumière, pouvaient devenir des objets translucides. Si Isamu se considère comme l’inventeur de ces lampes, il reconnaît la part des artisans qui les fabriquent.
En effet, la qualité des Akari tient pour beaucoup des matériaux utilisés pour les lanternes originales : le washi, papier fabriqué à la main issu du coeur de l’écorce de mûrier qui est particulièrement apte à transmettre la lumière, et le bambou, qui peut être courbé et formé de nombreuses façons. Pour Isamu Noguchi, la fonctionnalité de ces lampes fut bien sûr une considération initiale, mais son principal but était de lier l’art à la vie quotidienne, afin que lumière et fragilité semblent offrir un environnement magique éloigné du monde matériel.
Toutes fabriquées à la main à partir de papier washi, ces luminaires possèdent des éléments structurels en bambous et métal, parfois laqué. La collection Akari Light sculptures est composée de plus de cent lampes : plafonniers et suspensions, appliques et lampadaires. Nous ferons donc forcément ici un choix.
Les suspensions
Véritables sculptures en apesanteur, certaines suspensions se présentent sous une forme colonnaire et déploient des formes tantôt géométriques aux arêtes nettes qui évoquent parfois les plis de l’origami. D’autres, plus organiques, développent des contours plus fluides. D’autres, enfin, entassent des formes différentes qui donnent à la suspension une forme totémique.
Autres suspensions
Plus classiques, ces suspensions proposent des formes simples : carré, rectangle, rond, ellipse, goutte d’eau.
Les lampes de table
Leur forme modernise les lanternes traditionnelles japonaises qui l’ont inspirée. Noguchi aimait à dire que « pour se créer un chez-soi, il suffit d’une pièce, d’un tatami et d’une AKARI ». Inspirée des OVNIS (UFO en anglais) et de leur pattes arachnéennes plus ou moins hautes, la série AKARI UF représente pour Isamu Noguchi la continuité de son travail de sculpteur de lumière. Posée au sol ou sur un support, la lampe UF devient un véritable objet de décoration, essentiel et intemporel.
Certaines lampes sont décorées par des touches de couleurs qui les agrémentent d’une note de gaieté.
Ci-contre, la lampe de table 9AD. Seconde famille de modèles créés par Isamu Noguchi, ces luminaires tripodes se différencient des autres AKARI par leur structure : deux anneaux en bambou maintiennent le papier washi à la base et au sommet.
Les lampadaires
Certains lampadaires reprennent les formes des colonnes suspendues.
Rocking stools, 1955
Fabriqués par Knoll International, tabouret qui a inspiré les cyclone table.
La Cyclone Dining Table (1957)
Knoll approcha Noguchi pour la table de repas ci-dessous: il désirait une table dans le genre des chaises de Bertoia en acier filaire qu’il venait d’éditer. La question était de concilier cette demande avec les matières affectionnées par Noguchi en sculpture, à savoir le basalt, le granit, le bois de balsa, le bronze et l’aluminium. The Cyclone dining table — et sa version en table d’appoint, the cyclone side table — est un exemple remarquable de la manière dont Noguchi pouvait innover, à travers un changement de perspective. Tansposer la disposition des rayons d’une roue de bicyclette en table était une idée brillante. Cela a donné une table aussi surprenante par le détournement qu’évidente par le rappel d’un objet connu. Formellement, le plateau et le pied sont cablés ensemble, enchaînés ensemble. Le plateau ne semble pas reposer sur le pied, au lieu de cela il est verrouillé à la base, créant une table suspendue. Ce changement de perspective est basé sur l’une de ses recherches en sculpture : comment suspendre une masse ?

Isamu-Noguchi-Dining-Table, 1957
Les tiges chromées fixées à un piètement rond en fonte assurent à la table une grande stabilité sans lui imposer une apparence massive. Le plateau, en bois stratifié, au revêtement dur, laqué blanc et au champ teinté noir, est disponible en deux tailles. Le piètement est en fonte laquée noire, les fils en acier chromé.
Prismatic table, (1957)
Inspiré par des techniques traditionnelles japonaises de pliage de papier, l’origami, Isamu Noguchi a conféré à la Prismatic Table un design géométrique puriste. La table d’appoint à trois pieds qui évoque un prisme est en tôle d’aluminium à la finition époxy, disponible en noir et en blanc.

Isamu Noguchi, Prismatic table, 1957
Pierce table, 1982-1983
La plus sculpturale des tables de Isamu Noguchi, de forme libre et asymétrique, n ‘a été commercialisée qu’à dix-huit exemplaires. En acier galvanisé.
Le mobilier et les luminaires d’Isamu Noguchi, comme nous l’avons dit dans l’introduction, ne constitue qu’une part infime de son travail. Nous parlerons dans d’autres articles, de ses sculptures et de ses aménagements extérieurs.
Pour d’autres articles sur le design japonais voir :
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