
Chine, néolithique, culture majiayao, type banshan
La Chine possède une tradition historique de plusieurs millénaires qui fait d’elle la plus longue civilisation au monde. L’archéologie, en tant que science moderne de recherche sur le terrain n’est pourtant apparue qu’assez tardivement, dans les années 20. Actuellement des milliers de sites ont été exhumés. Dans cet article, un aperçu des poteries de la Chine néolithique.
Préalable : la notion de “culture”
Actuellement, les archéologues divisent le néolithique chinois en plusieurs cultures. “Par le mot culture il faut entendre un ensemble culturel, c’est-à-dire un système cohérent à partir de tous les vestiges, organiques – humains, animaux, végétaux – ou inorganiques, trouvés en un même site et dans une couche donnée, formant une couche stratigraphique. Mis en rapport les uns avec les autres, ils permettent d’identifier et de comprendre des ensembles. Il devient alors possible de reconstituer des groupes sociaux et les grandes lignes de leur évolution. Corréler tous ces éléments conduit à mettre en lumière la complexité industrieuse et cultuelle de groupes divers, permettant de les opposer ou de les relier.” (cf Biblio D. Elisseeff) .
Il existe près d’une vingtaine de cultures qui portent le nom de la localité où les principaux vestiges ont été découverts. Les résultats des nouvelles fouilles modifient constamment les dates et l’extension de ces cultures. Temporellement, certaines sont contemporaines ; de même, les limites géographiques bougent au gré des découvertes de nouveaux sites. “Pour en établir la chronologie, les archéologues se sont appuyés le plus souvent sur la typologie des céramiques. Néanmoins, il est souvent difficile de reconstituer les rapports de filiation des différentes cultures et leur succession dans le temps, car les particularités régionales sont affaiblies par des caractéristiques communes qui témoignent d’un réseau d’échanges et d’une évolution continue. Les datations proposées pour les cultures néolithiques, qui sont parfois discordantes, diffèrent selon les rapprochements suggérés “ (cf Biblio, M.Scarpari).
Cet article n’a pas pour but d’être exhaustif. Nous avons choisi quelques cultures (sur une vingtaine), celles pour lesquelles nous avons trouvé le plus de documentation. Nous avons choisi la céramique comme sujet, mais il a été montré que celle-ci ne constitue pas une culture à elle seule, “même si des générations d’archéologues ont longtemps mis l’accent sur la seule céramique“. (cf. D. Elisseeff).
Carte des cultures du néolithique de la Chine
Ci-dessous, carte géographique et temporelle (les couleurs correspondant à différentes strates) des cultures néolithiques de la Chine.

carte des cultures de la chine néolithique
En noir, les cultures dont l’origine remonte à environ 6500-6000 avant notre ère ; en brun, celle qui débutent vers 5000 avant notre ère ; en rouge, celles qui commencent vers 3000 avant J.-C ; en orange (Qijia), la première culture du néolithique final (vers 2200 BC) qui effectue la transition vers l’âge de bronze.
Ci-dessous, jarre de la culture de Qijia.

Jarre à deux anses typique de la culture de Qijia « nouvelle tradition » . Céramique peinte. Site de Qiaojiazhuang (Linxia-Lintao), Gansu. Musée national de Chine, Pékin
Les débuts de l’archéologie chinoise
En 1921, près du village de Yangshao, le géologue suédois Anderson trouve un amoncellement de poterie peintes, mais il ne sait pas encore qu’il a découvert le premier site archéologique de la Chine. La demande de fouilles qu’il présente aussitôt constitue l’acte de naissance de l’archéologie de terrain (c’est-à-dire les fouilles) en Chine. Après Yangshao, les découvertes se succèdent. Anderson dirigera entre 1923 et 1924 une expédition mi-géologique mi-archéologique en Chine du Nord-ouest. La moisson est prodigieuse, Anderson découvre près de cinquante sites et nécropoles pré-historiques. Nombre d’entre elle vont donner leur nom à autant de cultures et devenir une référence, toujours valide, pour les recherches futures.
Aujourd’hui des milliers de sites obligent à considérer non pas un mais des néolithiques chinois, évoluant chacun à son rythme, au sein de très grands ensemble géographiques. Au moins quatre groupes principaux s’imposent : la bassin du Fleuve Jaune, celui du Yangzi, l’est de la grande plaine, et le Nord-est du pays.
La culture de Dadiwan (5800-5400 BC)
La culture de Dadiwan, d’environ 5 800 à 5 400 avant notre ère, est une des premières cultures néolithiques de la Chine. Ci-dessous, bol à décor de cordes entrecroisées à pied circulaire. Diamètre à l’ouverture :18 cm.

bol en terre cuite à ca. 5850-5400 av. J.-C. Exhumé du site archéologique de Dadiwan, Qin’an, Gansu. Culture de Dadiwan.
Culture de Yangshao (5000-3000 BC)

Chine,vase, néolithique, yangshao
Le premier site à avoir été mis au jour (en 1921) à Yangshao révèle un ensemble de céramiques rouges au décor peint, que l’on peut dater d’environ 5000 ans à 3000 ans avant notre ère.
Différents types de décors traduisent une hiérarchie pratique des objets, du simple motif incisé ou cordé des pièces d’usage trivial jusqu’aux élégantes géométries des jarres plus luxueuses ou affectées à des usages plus solennels ; celles-ci reçoivent des décors peints en rouge, ocre ou brun à l’aide de terres ou de roches broyées.
Ces dessins jouent couramment d’un registre assez varié combinant bandeaux, spirales, motifs réticulés (filet) ou ponctués.
Yangshao ancien (4500-4000)

An Unusual Neolithic Red Pottery Amphora, Yangshao Culture, 4800-3600 B.C.; (53.4cm.).
Le corps ovoïde à la taille inhabituelle se rétrécit légèrement en un point au milieu du corps et est entièrement décoré de bandes de rayures de différentes largeurs. Large bord retourné. Il est rare de trouver des amphores cintrées de proportions aussi robustes.

Pot à col rétréci, culture de Yangshao (ancien), vers 4500-4000 BC,fouilles de Qin’an, province du Gansu
Ci-dessus, décor de visage porcin.Comme à l’époque les gens étaient assis par terre et que les objets usuels étaient également posés à terre, les motifs dont les poteries sont ornées se trouvent surtout là où il sont facilement visibles pour les gens assis. Ceux de bols et de petites cuvettes se trouvent en général sur la partie supérieure de leur paroi extérieure, immédiatement sous leur ouverture, ou sur la paroi intérieure jusqu’au fond. Au cas où la cuvette a une panse convexe, les motifs sont concentrés sur le haut du “ventre”, le bas de celui-ci, difficilement visible quand un usager est assis à même le sol, ne porte pratiquement pas de dessins
culture Banpo

Bouteille en forme d’amphore à décor cordé. Shaanxi, site de Banpo. Yangshao, v. 4800. Terre cuite rosée, montée au colombin. Musée Guimet
Ci-dessus, amphore à motifs cordés de culture Yangshao, yangshao ancien, culture Banpo. Au Néolithique, des amphores à fond pointu de ce type étaient utilisées pour puiser de l’eau. Une corde était attachée aux anses pour permettre à l’objet d’être plongé dans un point d’eau. L’amphore vide était inclinée afin de laisser entrer l’eau. Une fois à demi pleine, elle se remettait en position verticale, ce qui permettait de la remonter.

Painted pottery geometric pattern basin, Neolithic, Yangshao culture (5000-3000 BC), Banpo type (about 4800-3900 BC), high 16.4cm, caliber 37.4cm. National Palace Museum, Beijing.
Ci-dessous, les poteries créent un jeu original associant poissons, motifs réticulés (motifs de filet, en croisillons) et visages masqués.

Bassin de type pen. Terre cuite chamois peinte à l’engobe sombre, D. 40 cm. « Masques » et poissons. Culture de Banpo, v. 4500, Site de Banpo, Shaanxi, 1955. Musée national de Chine
Ce bassin en poterie colorée est rouge, avec des rubans noirs intermittents peints sur le bord de la bouche, et deux ensembles de motifs symétriques homme-masque-poisson sur la paroi intérieure de couleur noire. Le visage humain est rond, encadré de triangles en forme de chignon et surmonté d’une décoration en forme de nageoire de poisson. La moitié droite du front est peinte en noir et la moitié gauche est noire et semi-incurvée. Les yeux sont fins et droits, apparemment fermés. L’arête du nez est droite, en forme de « T » inversé. Il y a un motif de poisson déformé sur les côtés gauche et droit de la bouche, et la tête de poisson chevauche le contour de la bouche humaine, qui semble tenir deux gros poissons . De plus, il y a deux petits poissons qui se font face de chaque côté des oreilles. Etrange combinaison d’humain et de poisson ! Entre les deux visages humains, deux gros poissons se poursuivent. La composition de l’ensemble du tableau est libre et dynamique, avec des motifs simples et pleins de couleurs fantaisistes. Ci-dessous, détail d’un autre bassin :

Chine néolitique, Yangshao,culture Banpofigure masque poisson, détail
L’ancien peuple Banpo peignait des motifs de poissons et des motifs de filets sur de nombreux pots. Cela devrait être lié au culte des totems et à la vie économique de l’époque. Les Banpo ont construit des colonies sur les terrasses de la vallée fluviale et ont vécu une vie sédentaire principalement basée sur la production agricole. Ils se livraient également à la cueillette, à la pêche et à la chasse. Cette décoration à motif de poisson reflète pleinement leur vie.
Il existe un grand nombre de motifs en forme d’animaux dans les motifs de poterie peints de la culture Yangshao, tels que des poissons, des cerfs et des grenouilles, les motifs de poissons étant les plus typiques. De nombreux morceaux de bassins de poterie peints avec des peintures similaires ont été déterrés du site et ils étaient principalement utilisés comme couvercles d’ossuaire pour enfants, un peu comme des outils funéraires spéciaux.
Le motif du masque humain est composé d’humains et de poissons. La tête humaine a une tenue étrange, comme une image de maquillage pour les activités religieuses, montrant l’identité d’un sorcier. Par conséquent, ce type d’image est généralement considéré comme un symbole du sorcier demandant au dieu-poisson de posséder son corps, appelant l’âme de l’enfant décédé et priant pour la bonne chance. Certaines personnes pensent que la coexistence du masque humain et du motif poisson constitue une fusion homme-poisson, ce qui implique que le poisson a été entièrement déifié et peut être vénéré comme un totem.
Culture Shijia
Bouteille Yangshao ancien.

Petite bouteille, terre cuite peinte, H. 27,8 cm, décor stylisé- masque ou tête d’animal. Type Shijia (Yangshao ancien) site de Jiangzhai, Lintong, Shaanxi. Mus. Hist. du Shaanxi, Xi’an
Yangshao moyen (4000-3500) : culture de Miaodigou
La poterie peinte, rouge de Yangshao fait suite à un type primitif décoré d’empreintes de cordes et de nattes, sans aucune prétention esthétique (cf amphore plus haut). Si cette technique reste toujours en vigueur, parmi les potiers de Yangshao, ceux-ci utilisèrent également une technique différente et plus élaborée. L’argile, d’un rouge ardent, était choisie pour sa pureté et soigneusement réduite en une poudre fine délayée dans un liquide où elle dépose. Façonnée à la main, elle est ensuite portée à une température de 1000 à 1100 degrés.
Le potier savait que la variation de couleur était due à utilisation d’une argile plus ou moins riche en chaux. Il disposait ainsi soit d’un matériau jaune clair ou d’un rouge soutenu convenant pour les vases de qualité supérieure.

néolithic, culture Yanshao, bassin PEN 盆 en poterie peinte à décors polychromes, Fouilles de Miaodigou, Shanxian, province du Henan (1957)
H. 22,6 cm ; D. d’ouverture 38 cm ; D. à la base 12 cm
Ci-dessus, ce bassin, au profil habilement caréné et à lèvre aplatie, repose sur une base étroite cylindrique. Il s’agit d’une nouvelle forme apparue au cours du IVemillénaire. Ses dimensions importantes font écho au développement de l’agriculture. L’épaule est ornée d’une large frise, de motifs géométriques complexes, cercles, arcs de cercle, points, lignes parallèles, tangentes, issus de la stylisation d’un décor initialement réaliste. La facture, extrêmement soignée, au dessin à la fois précis et fluide, témoigne de la maîtrise des artisans de Miaodigou.
Dans le même genre, ci-dessous :

Grand bassin de type pen. Terre cuite rouge décor peint en noir. Culture de Miaodigou, v. 4000. Musée Provincial du Shanxi, Taiyuan
Ci-dessous, bassin en terre cuite peinte, décor de losanges courbes, produisant un effet de fleurs, H 12 cm, D 20 cm. Miaodigou. Musée national de Chine.

Chine Néolithique, Yangshao, Culture Miaodigou, type Henan,découv.:1956
Ci-dessous, une urne exhumée au district de Linru dans la province de Henan. Sa paroi extérieure porte un dessin curieux, appelé “cigogne, poisson et hache de pierre” par les savants contemporains. A gauche de ce plus grand dessin jamais découvert sur la poterie préhistorique chinoise (cf Biblio,Li Li), se dresse fièrement une cigogne blanche qui, les yeux écarquillés, la tête haute, tient au bec un poisson mort. A droite de la cigogne se trouve placée verticalement une grande hache de pierre, dont le manche est enveloppé dans un morceau d’étoffe ou attachée par une corde enroulée, et marqué d’un signe en forme de croix inclinée. La hache et le poisson sont esquissés par d’épais traits noirs en contraste avec la cigogne dont le contour n’est pas tracé.La signification de ce dessin n’est, à notre connaissance, pas vraiment clarifié. Une supposition (cf. Biblio Li Li) fait de la hache le symbole de l’autorité ou de la force du chef de clan.

Urne funéraire peinte- cigogne, poisson et hache de pierre. Miaodigou (v. 3900-3000) Yangshao moyen, site de Yancun, Henan. H- 47 cm. Musée national de Chine
Ci-dessous, un vase assez spectaculaire en forme de rapace :

Vase en forme de rapace. Terre cuite grise, Yangshao, type Miaodigou. H. 36 cm. Musée National de Chine
Ce Vase (ding) en poterie adopte la forme d’un aigle debout sur ses pattes. L’aigle a un corps robuste et des pattes fortes. Les ailes sont fermées contre le corps. La queue s’affaisse au sol et forme trois points d’appui stables avec les deux pattes. Les yeux de l’aigle sont grands ouverts ; le bec, en forme de crochet, semble fort. La structure est simple, majestueuse et puissante, ce qui montre une forte tension artistique. La bouche du récipient est fixée sur le dos, entre les deux ailes donnant l’impression que l’aigle portait le vase sur son dos. Cet arrangement mélange subtilement les caractéristiques de l’artefact avec la beauté animale de l’aigle.
Ce ding est un exemple de la combinaison parfaite de l’art primitif et des fonctions pratiques et est un rare trésor de l’art de la sculpture dans les temps anciens. La culture Yangshao est célèbre pour ses poteries colorées exquises. La présence de cette poterie montre que les gens à cette époque étaient non seulement doués pour créer des motifs peints, mais avaient également une forte capacité dans les arts plastiques. Déterré dans la tombe d’une femme adulte, ce vase, unique en son genre, en montre la puissance hiérarchique.
Yangshao récent (3500-3000) : culture Dahecun
Le site de Dahecun, dans l’Est de la région, présente une séquence complète depuis le pré-Yangshao jusqu’à la culture de Longshan : on parle de « Yangshao récent » pour Dahecun phase III.
Ci-dessous, une écuelle où les motifs rouges et noirs ressortent particulièrement sur un fond blanc.

Écuelle de type bo. Terre cuite rouge, décor blanc, noir et rouge. H. 21, D. ouv. 21. Dahecun (III) – Qinwangzhai, v. 3385-3070. Henan Provincial Museum

Culture de Yangshao, phase de Dahecun III, Musée du site de Dahecun, Zhengzhou. Source – Musée du site de Dahecun.
Ci-dessus, bassin à motif dérivé de l’oiseau, pigments rouge et noir sur terre cuite blanche. ca. 3790-3070 av. J.-C. Exhumé du site de Dahecun, Zhengzhou, Henan.
Surprenante tasses jumelles ci-dessous :

Tasses jumelles de type hu. Terre cuite, engobe rouge, décor noir. H. 20,3 cm. Site de Dahecun (III)-Qinwangzhai. Henan Provincial Museum, Zhengzhou.
Culture de Dawenkou (4300-2500)
Les archéologues distinguent trois phases dans la céramique de la culture Dawenkou : phase ancienne (4500-3500), phase moyenne (3500-3000), phase tardive (3000-2500).
Période finale de la culture Dawenkou ( vers 3000-2500BC)
Une verseuse de terre cuite rouge d’une forme singulière : un petit cochon qui crie vers le ciel. Une anse courant de l’arrière de sa tête au bas de son dos sur lequel se trouve une ouverture pour remplir le récipient. La gueule ouverte de l’animal sert de bec verseur. L’engobe rouge qui le recouvre accentue l’aspect lisse du petit animal rondouillard.
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Chine, néolithique, Dawenkou, Shandong. Pièce découverte en 1959. Terre cuite à enduit rouge. Période finale de la culture de Dawenku, vers 3000-2500 avant notre ère. Jinan, Musée de la province de Shandong.
Les agriculteurs de Dawnkou étaient des potiers émérites. A côté des récipients d’usage quotidien, ils inventèrent des pièces extrêmement élaborées, comme celle-ci, ou sans jamais perdre de vue la fonctionnalité de l’objet, ils associent de manière inventive des courbes complexes ; “ils créent des représentations animalières uniques pour cette époque en Chine.” (cf Biblio. D. Elisseeff)
Le raffinement des ces pichets – que distinguent souvent des parois très fines et de vigoureux pieds – annonce les élégantes pièces caractéristiques de Longshan. (cf. plus bas).

tripode (gui), chine, Dawenku culture (ca 2800-2400B.C)
Verseuse à base tripode à pieds creux, de type li. Dawenkou du Shandong. Date : ca 2500 BC.

chine, néolithique, culture Dawenkou
Motif rare que celui de l’étoile à huit branches… Cette coupe apparaît comme assez singulière. Les motifs ne s’apparentent à aucun autre que nous ayons pu croiser dans nos recherches.
Culture de Majiayao (ca 3500-2700)
La culture de Majiayao est une culture néolithique du Nord-Ouest de la Chine sur le cours supérieur du fleuve Jaune. Elle fut la première fois découverte au village de Yangshao, district Yinchi, province du Henan. Basée sur l’agriculture ainsi que sur la chasse et la cueillette, elle se caractérise par sa production de céramiques peintes. L’argile employée, très plastique, favorise de beaux volumes arrondis. Le décor presque exclusif est la spirale : à deux ou quatre branches, elle s’organise savamment en fonction de noyaux répartis autour du corps et de l’encolure de l’objet.
Les archéologues partagent la culture Majiayao, en trois types, ou périodes :
- Phase Majiayao, proprement dite : vers 3500-2700
- Phase Banshan : vers 2700-2000
- Phase Machang : vers 2500-1800.
Phase Majiayao proprement dite

Jarre à motifs linéaire. Culture de Majiayao, phase Majiayao, fin du 4e ou début du 3e millénaire avant l’ère commune. Terre cuite peinte, H. env. 30 cm. Musée Rietberg, Zurich.
La spirale ouverte est le motif dominant des artisans de la culture Majiayao, passés maîtres dans l’at de créer des effets de tourbillon au moyen d’ondulations horizontales comme on peut le voir dans les deux jarres ci-dessous.

Jarre à motifs linéaire. Culture de Majayao, phase Majiayao, fin du 4e ou début du 3e millénaire avant l’ère commune. Terre cuite peinte, H. env. 30 cm. Musée Rietberg, Zurich.
Ci-dessous, jarre ovoïde avec de larges épaules se rétrécissant vers un pied plat, le corps finement peint avec des taches circulaires régulièrement espacées, encerclées par des spirales concentriques rayonnant de chaque oeil, le tout surmonté d’un haut col cylindrique et d’un rebord évasé peint avec d’autres anneaux concentriques sous un collier de pendentifs et de points verticaux alternés. Il est extrêmement rare de trouver un vase aussi grand et bien conservé de cette première phase de la culture Yangshao, avec une conception rythmique particulièrement bien exécutée qui donne même par endroits une impression de relief.

A rare painted pottery amphora, Neolithic, Yangshao Culture, Majiayao phase, 45.7 cm.

Bol de terre cuite peinte, D. 15 cm. env. Province du Gansu ou du Qinghai. Néolithique, culture de Majiayao. Fin du IVe/ IIIe millénaire avant notre ère. Collection Yuegutang, Berlin. Musée d’art asiatique de Berlin

Néolithique, majiayaho, phase majiayaho
Vases à décor géométrique, dont une amphore à fond pointu. Gansu, amphore découverte en 1971 à Longxi. Terre cuite peinte. Amphore : H. 26 cm, diam ouverture : 7 cm. Culture de Majiayao, phase Majiayao, vers 3500-2700 avant notre ère. Lanzhou, musée provincial du Gansu. On ne peut qu’admirer la savante organisation et la vigueur des motifs spiralés de l’amphore. Cet objet conjugue finesse de réalisation et ingéniosité pratique. sa forme correspond à une phase développée de la sédentarisation et de l’agriculture, mais son décor, particulièrement élaboré et poli, laisse à penser qu’il ne relève pas de l’usage ordinaire.

Storage jar (kuan) Neolithic period, culture Majiayaho,Majiayao phase (3500-3000 BC)
Forme en faïence renflée, se rétrécissant à la base, à col étroit et à deux cornes disposées verticalement au diamètre maximum, peinte au pigment noir en une bande de larges volutes sous une bande de panneaux circulaires enserrant un motif étoilé réservé sur un fond quadrillé
Phase Banshan

Storage jar (kuan) Neolithic period, Banshan phase (3000-2500 BCE)
Forme en faïence renflée, se rétrécissant à la base, à embouchure évasée et deux cornes disposées verticalement au diamètre maximum, peinte de pigments noirs et marron dans une bande de grands motifs en forme de losange sous une bande étroite de motif de crête de vague répété sur le col et à l’intérieur la bouche.

néolithique, culture Majiayaho, Pot avec un motif linéaire
Chine, Province du Gansu ou Qinghai, type banshan, milieu du IIIe millénaire
Poterie avec peinture noire, rouge et marron foncé,34cm
Très similaire, dans les motifs et les formes, la jarre suivante.

A painted pottery two-handled jar, Neolithic period, Majiayao culture, Banshan type, 3rd millenium BC

jarre majiyahao, culture de Banshan (2700-2000),(Gansu), terre cuite peinte, environ 45 cm, Paris, Musée Cernusci
La jarre ci-dessus a été réalisée au colombin (un gros boudin d’argile) et cuite à environ 800°C. Elle présente un col haut et étroit agrémenté de deux petites oreilles latérales. Le corps large à épaules tombantes et à base rétrécie est divisé en deux parties marquées par la présence de deux larges anses de préhension. La partie supérieure est rehaussée d’un riche et complexe décor de lignes pleines et de lignes dentées disposées en spirales et peintes en engobes noir et rougeâtre. Un trait brun rectiligne doublé d’un motif en vague délimite la composition, laissant la partie inférieure du corps sans ornement.

Chine, néolithique majiayao, type banshan
Jarres en faïence, à décor peint en noir et rouge. La décoration linéaire audacieuse est exécutée avec un pinceau doux.

– Jar (Hu) Period- Neolithic, Majiayao , Banshan – ca. 2650–2350 B.C.

Jarre funéraire, Période néolithique, culture de Majiayao (province du Gansu), phase de Banshan (vers 2800 – 2500 av. J.-C.) Terre cuite, décor peint, Hauteur : 31 cm ; Diamètre : 32 cm
Phase Machang

Chine, néolithique, majiayao, type machang
Ci-dessous, Poterie Majiayao, phase Machang, décor de figure humaine stylisée et géométrisée, env. 2200-2000 avant notre ère, musée du palais à Pékin.

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Ci-dessus, vase à décor stylisé de grenouilles

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Chine, néolithique, Culture majiayaho, type Machang
Culture de Longshan (3000-2000)
La culture Longshan du nord et du nord-est de la Chine est surtout connue pour sa poterie fine, dure et noircie, la couleur noire provenant d’une riche teneur en fer. Les potiers de Longshan ont profité de la nouvelle technologie du tour de potier, des argiles bien raffinées et des fours à feu élevé pour créer l’une des marchandises les plus techniquement abouties de l’ère néolithique. À l’aide de roues (tours) à rotation rapide, les potiers pouvaient créer des récipients aux parois minces comme une coquille d’œuf.

Chine, néolithique, culture longshan
Coupe , 2500-2000 avant notre ère, ©MIA
Dans l’exemple ci-dessus, la tige bulbeuse, perforée de fentes, était créée sur la roue séparément du bol de la coupe, puis fixée avant la cuisson. Généralement dépourvues de décoration peinte ou d’appliques en argile, les marchandises de Longshan étaient cuites dans une atmosphère de four à réduction (basse teneur en oxygène), ce qui assombrissait leurs surfaces.

néolithique, culture longshan, coupe à anse unique erbei 耳杯 en poterie noire
Les Chinois maîtrisèrent déjà les techniques de vinification depuis les temps anciens. La fabrication des contenants de vin apparut par nécessité. Une grande quantité de récipients de vin est exhumée dans les ruines de la culture de Longshan, ce qui montre l’ampleur de l’industrie du vin à l’époque. La coupe ci-dessus, à anse unique, en poterie noire est dotée d’un beau lustre obtenu par le lissage, d’une ouverture légèrement incurvée, d’un col plutôt court, d’une large panse et d’une base ronde. On peut aussi remarquer les motifs sur sa panse. La forme de cette coupe est originale et esthétique.

cup, Chine , néolithique , Longshan, ça 2700-2100 BC.©MIA
Souvent privée de décor, la vaisselle présente une grande variété de formes. “Certaines pièces, trop délicates pour se prêter à un usage quotidien, étaient sans doute réservées à des fonctions purement rituelles” (cf Biblio, D. Elisseeff)

coupe cérémoniale, chine, néolithique, Longshan, Ca 2500-2000 BC, ©MIA

ceremonial cup, chine, néolithique, Longsham, 2500-2000 BC © MIA

néolithique, culture Longsham, tripode jia,
Le jia 斝 avait pour fonction de contenir et de réchauffer de l’eau, tout comme le li 鬲. Au-dessus pouvait être mis une marmite nommée zeng 甑 servant à cuire du riz et des plats. Au néolithique, on trouvait souvent de la poussière sur la base des jia, des tartres à l’intérieur de la panse, ce qui voulait dire qu’à cette époque, le jia servait à faire bouillir de l’eau ou du riz et non pas à contenir du vin. Pendant la dynastie Xia, on l’utilisait plutôt pour contenir du vin et le tiédir. Le jia en bronze pendant la dynastie Shang n’a plus cette fonction d’ustensile de cuisine. Après la dynastie Shang, le jia va de la prospérité au déclin, voire jusqu’à la disparition.

néolithique, culture de Longshan
Pot sphérique avec poignées à œillets
Chine, Province du Shandong
Néolithique, culture Longshan, 2e moitié du 3e millénaire
poterie,12,2cm
Ci-dessous, récipient à vin ou artefact rituel avec corps en forme de bambou.

Chine, néolithique, Longshan,

Black pottery ear pot, Neolithic, Longshan culture (3000 BC – 1900 BC), high 11.5cm, caliber 6.5cm, foot 8.2cm. National Palace Museum, Beijing.
Ci-dessous, tripode mammaire.

Chine, néolithique, Longshan culture
Ce système de tripode est assez ingénieux : l’eau pouvait être maintenue chaude en enfouissant les pieds dans les braises, ce qui était plus efficace qu’une forme à fond droit ne permettant que de poser le contenant sur les braises. Les métallurgistes reproduiront, quelques siècles plus tard, cette forme en bronze.
Pour un autre article sur la céramique chinoise
Dynastie des Song du Sud (1127-1279) : les céladons de Longquan
Bibliographie
Art et archéologie : La chine, du néolithique à la fin des Cinq Dynasties, Danielle Elisseeff, Paris, École du Louvre, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux (Manuels de l’École du Louvre), 2008
L’art de l’ancienne Chine, W.Watson, Ed Mazenod,1979
La redécouverte de la Chine ancienne, Corinne Debaine-Fancfort, Ed. Gallimard, coll. découvertes,1998
Antiquités chinoises, Li Li, China Intercontinental Press, 2004
Chine ancienne, Maurizio Scarpari, Gründ, 2000
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